Le rôle d’un bâtiment dans le contexte urbain

Un amphithéâtre se positionne comme un nom propre de grammaire dans le contexte de la ville : Arène de Nîmes, France (©J-W.HWANG)

Il y a quelques amphithéâtres romains qui se trouvent aujourd’hui dans certaines villes européennes. Par exemple, au sud de la France, des corridas se déroulent durant les férias de Pentecôte (fin mai – début juin) et des Vendanges (mi-septembre) à l’arène de Nîmes, construite entre 90 et 120 J.-C.(ère chrétienne), qui permet de laisser entrer encore 25 000 spectateurs

Ces amphithéâtres se situent comme un nom propre ayant la valeur historique et l’usage singulier dans le contexte urbain, plus imposants que des simples articulations composées par certains bâtiments et lieux publics. Morphologiquement et localement, n’ayant aucune continuité et y étant comme une présence absolue, ils répondent défavorablement et statiquement au fluide spatial dans la ville.

Le nom propre n’est qu’un sort de la symbolisation spécifique de l’objet, mais il pourrait s’interpréter comme le pouvoir et la violence qui se produisent quand la langue se limite dans la littéralité. L’édifice en nom propre, dans l’analyse linguistique de l’architecture, signifie une métaphore profondément intervenue par l’Histoire qui manifeste le pouvoir et la violence de la société ; par exemple, un amphithéâtre ayant l’apparence et l’usage inchangé tel qu’il a été construit à l’époque romaine pourrait s’analyser comme un instrument social faisant apparaître l’histoire du pouvoir qui remplace la royauté par le capital.

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Métaphore de la place

Le public se réunit, alors la place se complète : La Grand-Place de Bruxelles (Belgique) (©J-W.HWANG)

La place publique est un lieu où le public se réunit librement. Il ne faudra peut-être pas la définir si politiquement, mais elle s’intègre nécessairement la nature sociale et politique. Jürgen Habermas (1929 – ) a analysé dans son ouvrage « L’espace public (1962) », comment l’espace symbolisant le pouvoir d’État s’est transformé en espace de communication par l’arrivée de l’économie de marché avec la nouvelle classe sociale et comment l’opinion publique s’est appliquée à la société politiquement.

La place publique est non seulement un espace imprégné par le flux d’envenimements humains qui porte le nom de l’ancien, mais aussi un élément réel et vivant de la ville qui influence constamment la société. Si on met un grand vide au plein milieu de la ville, ce vide ne se transformerait pas en place publique tout de suite. Le public se réunit, alors la place se complète ; l’Histoire s’installe, alors la place se complète. 

Certaines villes d’aujourd’hui cèdent leurs places à l’usage urbain de commodité comme le stationnement ou au fonctionnement mieux contrôlable comme le parc clôturé. Certes, l’opinion publique ne se fait plus à la place, mais dans le monde virtuel. Il est toutefois dommage de voir la place publique comme un vide potentiellement remplaçable en écrasant toutes les traces d’appropriation sociale. 

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Métaphore de la terre

À cette altitude, on construit et y habite : 3100 Kulmhotel Gornergrat en Suisse (©J-W.HWANG)

Hegel, autrefois dans son Esthétique, il montra que la philosophie est une ultime évolution de l’art ; l’architecture prend son début, car cette dernière concrétise l’usage dans l’apparence physique symbolisant le sens humain. La métaphore s’absente à ce stade ; la matérialité de l’architecture semble trop rigide. La pierre ne se figurerait pas comme la parole. 

L’architecture crée une relation qui nécessite la terre et le ciel ; la terre resterait non-dite insignifiante sans y inscrire l’architecture. L’architecture et la terre sont essentiellement indifférentes y habitant le sens humain. En effet, l’architecture serait une métaphore de la terre, une métaphore du signifié. 

Dans la langue française qui est le descendant direct de la langue latine ou la postérité lointaine de l’ancienne langue italienne, la terre signifie à la fois la planète et le sol. C’est pourquoi il y a la Terre et la terre ; puisque les deux sont essentiellement indifférentes, c’est donc une différence morphologique volontairement créée, autrement dit une métaphore du signifiant. 

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Métaphore de l’humain

La colline de roche vue derrière le bâtiment du Parlement écossais à Holyrood d’Édimbourg porte son nom propre, Salisbury Crags. (© J-W.HWANG)

De la dénomination territoriale en grande échelle à la l’appellation d’une pièce en petite échelle, on n’arrête pas à donner un nom à l’espace. Une fois l’espace est appelé et convoqué, il est significatif ; cet espace se transforme en lieu qui est en effet une métaphore à l’humain.

En France, il y a une zone qui s’appelle le lieu-dit. C’est un terme français toponymique pour une petite zone géographique portant une dénomination traditionnelle ; par exemple, parce qu’il y a un mur de roche qui existe depuis longtemps ou parce qu’il a une plantation importante, il y a une touche d’appropriation humaine. Par contre, si c’est non-dit, tant que l’espace n’est pas dit et appelé, il ne pourrait pas se faire reconnaître comme un lieu. 

Le nom n’est pas son essence, mais une trace d’histoire de l’espace. Le nom de l’espace montre à la fois la limite innée de la langue humaine et la possibilité de faire coexister le temps et l’espace. Le mot « espace » vient d’un mot latin « SPATIUM » qui signifie également la durée. On trouve, dans la langue française de l’époque médiévale, que l’espace a été utilisé pour signifier également le temps ; « Le soleil occupait tout l’espace du jour. »

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Métaphore de l’espace

Le paysage de BULGUKSA est une métaphore complète de l’espace. (©J-W.HWANG)

Voici « Le livre tuera l’édifice. » dans « Notre-Dame de Paris (1831) ». La phrase symbolise que l’église, reconnue autrefois comme l’absolu qui règne le temps et l’espace représentant l’Histoire et la Divinité, perd son essence à la popularisation de la Bible après l’invention de l’imprimerie à caractères mobiles. Victor Hugo, qui ne laisse pas le moindre doute, a ajouté « La presse tuera l’église. », ainsi déclarée la fin de l’ère de l’espace absolu.

Bien avant que l’espace absolu de Newton, la scène de ses pensées scientifiques par les convictions, suivi de l’espace comme un lieu du sens divin de la métaphysique platonicienne, soit nié par Ernst Mach (1883), l’esprit humain a déjà commencé à contredire l’espace d’absolu.

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